Investir dans l'immobilier avec des cryptomonnaies
En France, rien n’interdit de régler un appartement en Bitcoin.

Fabrice Fardeau - Votre conseiller en crypto monnaie
5 mai 2025
1. Comprendre le crypto-immobilier
1.1 La tokenisation
Des plateformes comme RealT convertissent chaque bien en centaines de « tokens » inscrits sur Ethereum ; les investisseurs reçoivent leur quote-part des loyers chaque semaine en USDC . Le ticket d’entrée descend à 50 € sur Atoa, ce qui démocratise l’accès à la pierre.
1.2 Payer un bien physique en cryptomonnaies
En France, rien n’interdit de régler un appartement en Bitcoin si le vendeur et le notaire acceptent, la contre-valeur en euros servant de base aux droits d’enregistrement . Aux États-Unis, un penthouse à Miami s’est vendu 22,5 M $ payés intégralement en crypto en juin 2021, illustrant la faisabilité d’opérations prestige.
1.3 L’hypothèque adossée à vos actifs numériques
La fintech Milo propose jusqu’à 100 % de financement en mettant en gage BTC, ETH ou USDC, sans liquidation immédiate et pour des montants pouvant atteindre 5 M $.
2. Atouts de la blockchain pour l’investisseur
Ticket d’entrée réduit : 50 € suffisent pour détenir une fraction de biens outre-Atlantique .
Liquidité continue : revente possible 24 h/24 via DEX ou carnet d’ordres interne, bien plus rapide qu’un acte notarié classique.
Transparence & automatisation : les smart-contracts répartissent loyers et charges sans intermédiaire .
Diversification géographique : RealT ou Atoa donnent accès aux marchés américain et européen sans déplacement .
3. Risques et limites à anticiper
Volatilité : une clause d’ajustement est indispensable entre compromis et acte pour absorber les variations de cours .
Cadre encore mouvant : l’AMF rappelle que les plates-formes doivent être enregistrées PSAN et que les crypto-actifs restent spéculatifs.
Fiscalité double : payer directement en Bitcoin déclenche à la fois une cession imposable (plus-value crypto) et la fiscalité immobilière classique.
Liquidité secondaire perfectible : RealT a montré que la gestion locative pouvait se gripper, avec des critiques récentes à Detroit .
4. Cadre juridique et fiscal
En France, les jetons immobiliers sont des « actifs numériques » depuis la loi PACTE (22 mai 2019) et nécessitent l’enregistrement PSAN auprès de l’AMF.
Le règlement européen MiCA, entré en vigueur en juin 2023, harmonisera les exigences de capital, de livre blanc et de protection des investisseurs dans toute l’UE à compter du 30 décembre 2024.
Côté impôts, les plus-values sont exonérées si le total annuel de vos cessions n’excède pas 305 € ; au-delà, elles sont taxées au PFU de 30 % ou, sur option, au barème progressif.
5. Méthode pas à pas pour se lancer
Choisir sa voie : achat direct en crypto ou tokenisation via une plate-forme régulée.
Vérifier l’enregistrement PSAN de la plate-forme sur le site de l’AMF.
Analyser le dossier : localisation, rendement net, frais, gouvernance et volume du marché secondaire.
Sécuriser la garde : privilégier un hardware wallet ou un dépositaire agréé et activer l’authentification à deux facteurs.
Tenir une comptabilité précise : conservez dates, montants et cours pour chaque opération afin de déclarer aisément vos plus-values.
6. Tendances et perspectives
Stablecoins & loyers : de plus en plus de projets distribuent les loyers en USDC pour réduire les frais de change et accélérer le cash-flow.
Yields quotidiens : certains biens tokenisés versent désormais des revenus chaque jour, une fréquence impossible dans la pierre traditionnelle.
Institutionnalisation : MiCA ouvre la voie à l’arrivée de banques et de gestionnaires d’actifs, ce qui pourrait accroître la liquidité mais aussi la concurrence.
7. Bonnes pratiques
Diversifiez : répartissez votre capital entre plusieurs biens, régions et classes d’actifs pour amortir la volatilité.
Limitez la mise : n’investissez que ce que vous pouvez perdre ; l’AMF classe encore ces placements comme spéculatifs.
Privilégiez les stablecoins pour réduire le risque de change lors du paiement ou de la perception des loyers.
Suivez l’actualité réglementaire (MiCA, doctrine AMF) pour ajuster vos contrats et déclarations.
Conclusion
Le couplage de la blockchain et de l’immobilier ouvre un champ d’opportunités inédites : accessibilité record, flux de trésorerie quasi immédiats et diversification mondiale. Toutefois, votre succès dépendra de trois réflexes : vérifier la conformité juridique, gérer le risque de change et respecter la fiscalité. En les appliquant, vous pourrez profiter du meilleur des deux mondes — la solidité de la pierre et l’agilité du Web3.
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Questions et réponses
Peut-on obtenir un crédit immobilier adossé à ses cryptomonnaies ?
Oui. Des plateformes spécialisées, comme Milo, proposent des « crypto-mortgages » : elles acceptent vos BTC ou ETH en garantie et peuvent financer jusqu’à 100 % de la valeur du bien, sans exiger d’apport en numéraire ni passer par une banque traditionnelle, ce qui allège considérablement la paperasse . Les conditions (taux, durée, type de crypto collatérale) sont fixées par le prestataire et les intérêts sont payés en monnaies fiduciaires ou en stablecoins, selon le contrat.
Quelles différences entre crypto-immobilier et immobilier virtuel ?
Le crypto-immobilier tokenise un actif tangible : un bien physique existe réellement et chaque jeton représente une quote-part du titre de propriété ou des flux financiers associés . À l’inverse, l’immobilier virtuel appartient au métaverse ; on y achète des parcelles numériques dépourvues de matérialité dont la valeur dépend de l’affluence et des usages de la plateforme virtuelle (Decentraland, The Sandbox, etc.) . Autrement dit, le premier permet d’investir dans la « vraie » pierre via la blockchain, tandis que le second mise sur l’économie d’univers entièrement numériques.