S'offrir une île privée, folie ou investissement réaliste ?
Posséder son propre bout de terre, coupé du continent, fait fantasmer bien des urbains en quête d’évasion. En Bretagne ou en Polynésie française, des îles privées se négocient sur le marché, mêlant promesse d’intimité absolue et défis logistiques. Zoom sur ce rêve à portée de main… ou presque.

Fabrice Fardeau
5 mai 2025
L’attrait d’une vie insulaire
• Intimité et exclusivité
Hors du regard de tous, l’île privée offre un sanctuaire personnel, idéal pour se ressourcer loin du tumulte urbain.
• Cadre naturel préservé
Entre landes bretonnes et lagons turquoise polynésiens, ces territoires isolés dévoilent une biodiversité riche et un panorama exceptionnel.
• Potentiel touristique
Certains acquéreurs envisagent des activités nautiques (plongée, kayak, excursions), voire la location haut de gamme pour rentabiliser leur bien.
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Les défis à anticiper
1. Accès et transport
Se rendre quotidiennement sur l’île implique un bateau privé, parfois un hydravion ou un hélicoptère selon l’éloignement. Outre le coût d’acquisition de l’embarcation, il faut aussi en assurer l’entretien et l’amarrage.
2. Alimentation en eau et électricité
Sans raccord au réseau, il faut compter sur des citernes, la dessalinisation, des panneaux solaires ou groupes électrogènes, et prévoir la maintenance de ces infrastructures.
3. Gestion des déchets et assainissement
Le traitement des eaux usées (fosse toutes-eaux), le tri et l’évacuation des ordures nécessitent une organisation rigoureuse, souvent coûteuse, pour respecter la réglementation environnementale.
4. Contraintes administratives et environnementales
Zones protégées, Natura 2000, servitudes de passage… les îles obéissent à des règles strictes pour préserver leur écosystème. Les autorisations de construire ou de transformer y sont soumises à des délais plus longs et à des cahiers des charges exigeants.
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Combien faut-il débourser ?
• En Bretagne
Les transactions restent rares (seulement deux îles privées changeraient de mains chaque année en France), et les prix oscillent généralement entre 1,5 et 10 millions d’euros en fonction de la superficie, de la présence de bâtis et de la proximité du continent .
• En Polynésie française
Les tarifs sont souvent exprimés en francs pacifique (XPF). Parmi les exemples récents :
• Île de Rangiroa à vendre pour 226 727 000 XPF (soit environ 1,9 M€) 
• Île de Bora Bora annoncée à 297 354 277 XPF (environ 2,5 M€) 
En pratiquant un taux de conversion moyen de 1 XPF ≃ 0,00838 €, on constate que les plus petites motu démarrent autour de 2 M€, tandis que les îles plus vastes et aménagées peuvent facilement dépasser 20 M€.
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Rendement et perspectives
• Location saisonnière
Louer son île privée, via des plateformes spécialisées, peut rapporter un complément de revenu non négligeable, surtout en haute saison.
• Valorisation du patrimoine
À moyen terme, l’embellissement de l’île (construction durable, énergies renouvelables, aménagements paysagers) renforce sa valeur et séduira davantage les acheteurs futurs.
• Coûts récurrents
En plus de la taxe foncière, il faut budgéter l’assurance (risques naturels, responsabilité civile), les frais de maintenance des installations et les déplacements réguliers.
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Folie ou opportunité ?
Acquérir une île privée relève à la fois du rêve ultime et d’un engagement sérieux. Pour les passionnés de liberté et de nature, c’est un écrin sans équivalent. Pour les investisseurs, c’est un actif atypique dont la rareté garantit en partie la pérennité de la valeur. Reste à bien chiffrer :
• Budget global à prévoir :
achat + bateau/hydravion + aménagement + entretien annuel.
• Retour sur investissement :
location saisonnière vs plus-value à la revente.
Si la gestion d’une telle propriété ne s’improvise pas, elle peut, pour un acquéreur averti, devenir un projet aussi réaliste qu’exceptionnel.